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Diaphanes

Carla van de Puttelaar

Les mots

Carla van de Puttelaar (Zaandam, 1967) est aujourd’hui l’une des photographes hollandaises les plus en vue, non seulement dans son propre pays mais également ailleurs, comme en atteste l’intérêt que son travail suscite en France, en Espagne, aux États-Unis et désormais en Belgique.
Depuis ses études à la prestigieuse Rietveld Academie d’Amsterdam, cette jeune artiste consacre l’essentiel de son oeuvre au corps et au visage de la femme.
Celles qui poseront pour elle, Carla ne les choisit pas en fonction de modes qui imposent des canons aussi arbitraires qu’éphémères. Ici, la beauté est discrète, profonde, intemporelle.
Se dévoilant sans apprêt – on devine ici une ecchymose, là une marque laissée par les sous-vêtements –, ces jeunes filles et ces jeunes femmes se livrent avec pudeur mais sans pruderie.
Les prises de vue se déroulent toujours en lumière naturelle, cette douce lumière du nord qui caractérise l’art des peintres flamands et hollandais, de Van Eyck à Vermeer, deux maîtres auxquels l’univers de Carla van de Puttelaar renvoie immanquablement.
Le motif récurrent de cette série d’images entamée en 1998 réside à n’en pas douter dans la manière dont la photographe a systématiquement privilégié des modèles à la peau d’une blancheur presque immaculée. Ces peaux qui rappellent l’albâtre ont d’ailleurs amené l’écrivain Rudy Kousbroek à évoquer à propos de ces images le mythe de Galatée, cette statue d’ivoire modelée par Pygmalion et que Vénus mua en femme parce que son créateur s’en était éperdument épris.
Malgré leur apparence marmoréenne, les femmes de Carla van de Puttelaar sont en effet bien vivantes, bien réelles. Sous cette enveloppe diaphane, on devine les veines et les vaisseaux, le coeur qui palpite, les émotions qui affleurent. Ce sont donc bien des femmes de chair et de sang, des épouses, des mères, des sœurs et des amantes. Mais jamais des êtres réduits au rôle d’objet sexuel ou de fantasme bon marché.