Les mots
Même s’il a fallu attendre de longues années pour que son oeuvre soit comprise et appréciée, Christer Strömholm (1918-2002) est désormais reconnu comme un photographe majeur du 20e siècle, tant dans sa Suède natale que dans le reste du monde, en particulier grâce à l’action de son fils Joakim, de Nina Beskow et de Christian Caujolle.
Renvoyant tour à tour aux écritures et aux univers de Kertész, de Brassaï, de Robert Frank ou de Diane Arbus, ses photographies interrogent, au-delà des sujets abordés, les préoccupations essentielles de l’humain, qu’il s’agisse de l’amour ou de la mort.
C’est toujours en le confrontant directement, sans détour, que Strömholm nous donne à voir ce qu’il a lui-même vu, expérimenté, fixé à jamais sur la pellicule.
Tournant résolument le dos à la soi-disant normalité, ne cédant jamais à l’anecdote ou à la complaisance, son regard s’est posé tantôt sur les prostituées, tantôt sur le milieu des transsexuels, des travestis et des artistes forains de Pigalle, tantôt encore sur le Japon de l’après-Hiroshima.
S’il n’est jamais dupe de la précarité des choses, Strömholm ne verse pas pour autant dans la morbidité et s’il nous rappelle à tout instant notre sort inéluctable, il nous invite dans le même temps à profiter du moment présent et de ses petits bonheurs, à nous affranchir des conventions en nous ouvrant à l’autre, sans préjugés ni œillères.
Cette exceptionnelle première présentation du travail de Christer Strömholm en Belgique, exclusivement composée de tirages réalisés de son vivant et sous son contrôle, s’inscrit dans une suite d’événements autour de son œuvre : après la reconstitution de À ma propre mémoire, son exposition historique de 1965, proposée par la galerie VU aux récentes Rencontres d’Arles, une importante rétrospective lui sera consacrée en janvier prochain à Paris, par le Jeu de Paume (site Sully), coïncidant avec la publication d’une monographie dans la prestigieuse collection Photo Poche.