Les mots
« Choisir, c’est renoncer. » Conjointement à la décision d’organiser une exposition consacrée aux photographies d’Yvon Lambert (Luxembourg, 1955), nous avons été mis face à un dilemme : quelle(s) facette(s) montrer, alors que cette œuvre s’étend sur plusieurs décennies, quelle(s) série(s) privilégier ? Noir et blanc ou couleur ? Le proche ou le lointain ? Le familier ou l’exotique ? Le connu ou l’inédit ?
« Faced with a choice, do both. » Cette Stratégie oblique de Brian Eno et Peter Schmidt, datant de 1975, a eu raison de nos hésitations.
L’exposition se décline donc en deux chapitres successifs.
Le premier chapitre rassemble des extraits de projets réalisés à Naples et à La Havane, en noir et blanc, tous deux publiés sous forme de livres.
La seconde partie de l’exposition proposera quant à elle des images en couleur régulièrement ramenées d’Ostende depuis 2007.
Dans un premier temps, place donc à des images monochromes, de facture classique, dans une veine documentaire qui renvoie de bien des manières à des référents illustres : Cartier-Bresson, Koudelka, Klein figurent indubitablement au panthéon du photographe luxembourgeois.
Tant à Naples qu’à Cuba, Lambert se donne le temps de l’immersion, rend compte d’un quotidien à l’écart de l’événementiel. Il prend le pouls des villes et de ses habitants, vibre à leur rythme, saisit leur vitalité.
Qu’il ait ou non visité ces lieux mythiques à bien des égards, qu’il ait arpenté les ruelles napolitaines, arpenté le front de mer du Malecón ou qu’il ne les connaisse que par procuration, le spectateur de ces photographies « retrouvera » littéralement la cité italienne et la métropole cubaine.
Tout en évitant soigneusement les clichés, les cartes postales convenues, Yvon Lambert répond à nos attentes, donne corps à nos souvenirs, réels ou imaginaires.
Ses photographies restituent à merveille des sons et des odeurs, des musiques, la moiteur de l’air, le poids du soleil, la fraîcheur de l’ombre. Et la vie, avant tout la vie.