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Itinéraire bis

Bernard Descamps

Les mots

Qu’ils soient photographes, artistes, écrivains, musiciens ou rien de tout cela, certains empruntent de préférence les autoroutes, voies rapides, balisées, qui mènent a priori sans encombre d’un point A à un point B.
Sans encombre, certes, mais sans surprises…
Il en est d’autres qui privilégient au contraire les chemins de traverse où il fait bon se perdre, prendre son temps, musarder…
Depuis qu’il est entré en photographie voilà un demi-siècle à peu près, Bernard Descamps fait assurément partie de cette deuxième catégorie.
Il a fait de la lenteur une composante essentielle de son œuvre, préférant – et de loin – la marche à la course.
Et, depuis toutes ces années, il nous invite à le suivre ou à l’accompagner sur cet itinéraire bis qui nous emmène sous toutes les latitudes, sur tous les continents. Du coin de la rue aux antipodes, du familier à l’étrange, de l’ici à l’ailleurs. Sans qu’il faille y voir de différence, sans besoin d’établir une quelconque hiérarchie.
Bernard Descamps est ce qu’il est désormais convenu d’appeler un citoyen du monde, à sa place aussi bien chez les pygmées Aka que sur les flancs de l’Etna, aussi à l’aise sur les rives du fleuve Niger que sur celles du Gange.
Il pose le même regard attentif, enchanté et enchanteur sur la campagne du Val de Loire que sur un arbre majestueux en Éthiopie ou encore sur le vol d’un couple oiseaux.
Il s’émerveille tout autant devant une passante croisée dans la nuit parisienne qu’en regardant un homme observant des méduses à l’aquarium de Shangaï…

Cette exposition, la cinquième proposée par la galerie en quinze ans de collaboration et d’amitié, se greffe d’une certaine manière sur la grande rétrospective qui se tient actuellement au musée de Tours et qui donne lieu à une imposante monographie (Au-delà des apparences, éditions Filigranes); nous avons choisi néanmoins d’enrichir encore le propos en mettant côte à côte certaines des images les plus connues de l’auteur et quelques inédits (c’est fou ce que les cartons d’un photographe de talent peuvent réserver de belles surprises!)

Enfin, une partie de l’exposition donne à voir pour la première fois depuis très longtemps un ensemble de tirages rares de la série réalisée au début des années 1980 dans le désert algérien et qui furent réunis dans l’ouvrage Sahara – première véritable incursion du photographe dans le paysage, un genre auquel il se consacra ensuite avec constance.
Et bonheur.

La presse