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Fièvre

Lorenzo Castore

Les mots

Fièvre est une plongée dans l’œuvre du photographe italien : une constellation d’images intimes qui parlent de l’artiste autant que de son rapport aux autres et au monde. L’exposition est ainsi conçue comme une expérience immersive où l’accumulation des images est propice à l’étourdissement. Elle participe du rapport viscéral de l’artiste à sa pratique : intuitive, nécessaire, physique et impulsive, elle « tend à quelque chose d’immatériel et de transcendant, en lien avec l’expérience du réel. »
Cet ensemble d’images invite à un voyage intérieur à travers le parcours de l’artiste et ses différentes séries, après la publication de son premier ouvrage Paradiso (2005) et la décision qui suivra d’abandonner la couleur. La singularité de son approche artistique est soulignée dans l’interview donnée par Lorenzo à Caroline Benichou, retranscrite dans la postface de l’ouvrage Fièvre : « Je procède ainsi : je suis une voix intérieure que j’essaie de garder aussi libre que possible, je la laisse aller là où elle veut, et lorsqu’elle me paraît vraiment convaincante, je la suis avec toute l’énergie dont je dispose, en mettant la rationalité de côté. Je commence à travailler sans relâche et je continue tant que je sens qu’une évolution est possible. Chaque fois, l’expérience est différente. Par conséquent, la temporalité et la méthode le sont aussi. La seule constante est la recherche d’une tension émotionnelle qui suscite l’émerveillement. »
Chaque pièce est un autoportrait en creux de Lorenzo Castore et convoque la mémoire des différentes fièvres qui l’habitent : « un besoin de croissance intellectuelle et spirituelle, l’abandon au désir sensuel, la tentative d’entrer en relation avec l’autre ici et maintenant, et une tension vers le mystère infini. La fièvre est alimentée par la curiosité, l’empathie et l’instinct, mais l’énergie et la capacité sont limitées. »
Fièvre est un bouillonnement de photographies, traversant presque trente ans de pratique, à l’image de l’Etna, son panache de fumée annonçant une éruption imminente : le calme avant la tempête.
Pas banales, pas quotidiennes, pas voyeuses, ses images sont pourtant le reflet d’une existence telle qu’il en existe tant, faite de souffrance ou de joie, en toute subjectivité.

Sidonie Gaychet
Directrice de la galerie S. (Paris)

 

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