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Zoologies

Michel Vanden Eeckhoudt

Les mots

En 1982 paraissait Zoologies, un livre reprenant quelque quarante photographies de Michel Vanden Eeckhoudt, remarquablement reproduites et accompagnées d’un texte de Claude Roy. Cet ouvrage, qui restera comme la première monographie importante consacrée à un photographe belge, était publié par Robert Delpire, assurément l’éditeur d’images français le plus important et le plus visionnaire de l’après-guerre. Du coup, Vanden Eeckhoudt entrait dans un « club » où l’on retrouve rien moins que Robert Frank, Henri Cartier-Bresson, Brassaï, Josef Koudelka, pour n’en citer que quelques-uns des membres les plus prestigieux.
Vingt-cinq ans plus tard, ce livre et les images qui le composent n’ont rien perdu de leur pertinence ni de leur actualité.
Si cet anniversaire donne lieu à une exposition aux cimaises de la box galerie, il ne s’agit pas pour autant de succomber à la nostalgie.
À côté de photographies extraites de Zoologies en figureront d’autres, plus récentes, puisque Michel Vanden Eeckhoudt continue de parcourir les allées des jardins zoologiques, ici ou ailleurs, et d’en ramener des images à la composition rigoureuse – ce qui n’empêche pas l’audace occasionnelle – où il est question de solitude, d’aliénation, de désœuvrement, d’incompréhension ou encore de détresse.
Saynètes insolites, parfois incongrues, saisies dans l’instant et où l’homme, s’il est le plus souvent physiquement absent, n’en demeure pas moins omniprésent, tant il est vrai que le zoo est sa création et qu’il considère souvent ceux qui le peuplent comme « ses » créatures.
Au fil des années, le vocabulaire photographique de Vanden Eeckhoudt s’est naturellement élargi à d’autres thématiques, de même que son bestiaire s’est désormais enrichi d’innombrables chiens (il leur a consacré un autre de ses ouvrages) qui lui permettent eux aussi de nous entretenir de son rapport au monde. Bien plus que les animaux du zoo, ceux qui vivent dans l’entourage immédiat de l’homme – parfois presque d’égal à égal avec lui – incitent souvent le photographe à prendre le parti de l’humour, ce point de vue qui permet de dire les choses les plus graves et les plus essentielles sans devenir pesant ou doctrinaire.
Enfin, ne nous y trompons pas : si le photographe nous montre des animaux parfois en cage, parfois tenus en laisse ou pomponnés, c’est bien de nous et de nous seuls dont il est ici question.

La presse