Aller au contenu

Le bord du monde

Pentti Sammallahti

Les mots

Pentti Sammallahti (1950) est assurément l’un des plus grands photographes finlandais contemporains, salué internationalement aussi bien par ses pairs que par la critique et le public.
Exposant régulièrement son travail depuis l’âge de 21 ans, il a longtemps enseigné à l’Université des Arts industriels d’Helsinki, avant de se voir décerner une bourse de l’État finlandais qui lui permet de se consacrer entièrement à son art pendant une période de quinze ans.
Hors des modes et des tendances éphémères, il nous propose de petites photographies en noir et blanc, amusantes et graves tout à la fois.
Avec une nette prédilection pour la neige, le froid, la blancheur du Nord.
Dans ses images – et en particulier lorsqu’il opte pour le format panoramique –, les paysages partent à la dérive, les maisons ou les baraques semblent sur le point de s’effondrer, il y a très souvent un animal qui traîne – un chien en général –, le regard absent, avec un détachement quelque peu ironique.
Si l’homme est relativement peu présent, physiquement du moins, Sammallahti nous entretient pourtant, à sa manière, de la condition humaine. S’il recourt à la nature et aux animaux, c’est sans doute qu’il a choisi le détour de la fable pour nous parler du monde dans lequel nous vivons.
La démarche de Pentti Sammallahti se situe au croisement de deux approches photographiques :  d’une part, la photographie de paysage, presque contemplative, où la nature tient le premier rôle, où la forme d’un nuage, l’immensité de la mer, l’inclinaison d’une branche tiennent lieu de discours ; d’autre part, il s’inscrit dans la tradition de « l’instant décisif » cher à Cartier-Bresson, où il s’agit de capturer un instant fugace et unique.
On ne sait trop si cela tient au cadrage ou à la nature même de ce qui est montré, mais la plupart des paysages photographiés par Pentti Sammallahti – tout autant que les micro-événements qui s’y déroulent – laissent cette impression bizarre d’être situés au bord du monde. C’est un peu comme si derrière la ligne d’horizon ne subsistait que le vide…