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partir, revenir

Toni Catany

Les mots

Cette exposition est la quatrième que la galerie consacre à l’œuvre de Toni Catany mais la première depuis sa disparition soudaine en octobre 2013.
Elle réunit à la fois des images « classiques », de celles qui ont fait sa renommée, et une grande part d’inédites, sélectionnées par l’artiste mais qui n’ont pu être tirées de son vivant.
La Méditerranée, le paysage, le portrait, le nu, le studio de Barcelone, la nature morte, les fleurs, les objets,… S’agirait-il de la quintessence de cette œuvre ? Tout ne se résume pas à ces quelques éléments, mais ils constituent de fait les points de départ et le fil rouge de tout ce qui constitue l’univers « catanyen »
La vie et l’œuvre de Toni Catany pourraient peut-être se définir par une incessante succession d’allers et de retour, entre Llucmajor et Barcelone, entre la Méditerranée et le reste du monde, entre l’intérieur et l’extérieur, entre les projets et les souvenirs, entre les procédés photographiques du passé et les technologies d’aujourd’hui.
Tout se fond et se confond, une chose en appelle une autre. L’achat de l’antique chambre en bois, dans les années 1970, suscite l’usage du calotype et le choix de sujets se prêtant à la lourdeur du modus operandi (et quoi de plus « docile » face aux longs temps de pose que la nature morte ?) ; le noir et blanc des calotypes mène naturellement à la couleur pour les Natures Mortes, des années 1980 ; les appareils numériques autorisent d’autres envies, donnent naissance à d’autres séries…
Tout serait inexorablement question d’allers et de retours, de va-et-vient, de dedans et de dehors, d’ici et de là.
Des mouvements incessants, indiciblement liés, se nourrissant mutuellement, pour une quête éperdue : glorifier la beauté et l’harmonie, débusquer l’art dans le quotidien, créer des liens, jeter des ponts, trouver des similitudes parfois improbables. Et se trouver soi. Et se dire, se montrer. Par ses photographies, Toni Catany n’a jamais parlé d’autre chose que de lui-même. Voilà la cohésion, la cohérence entre ces milliers d’images courant sur un demi-siècle.
Le portrait (l’autre ?), le paysage (à la fois l’ici et l’ailleurs ?) et la nature morte (lui-même ?) apparaissent comme les pièces d’un puzzle qui, une fois terminé, donnerait à voir à la fois le paradis (perdu ?) et l’inaccessible étoile. Même si, comme nous tous, Toni savait qu’il ne pourrait jamais réunir toutes les pièces du puzzle, il ne s’est pas découragé pour autant et s’est employé sa vie durant, sans relâche, à en rajouter l’une ou l’autre.

La presse