Les mots
D’une certaine manière, on pourrait qualifier les photographies de Bogdan Konopka de «natures mortes», ses paysages autant que ses vues urbaines étant exempts de toute présence humaine – même s’ils en gardent souvent comme une trace en creux.
Les villes semblent désertées, les intérieurs abandonnés. Tout paraît figé dans le temps, empreint d’une mélancolie sourde. On songe au Prague de Sudek, plus encore au Paris d’Atget. Les rues, les parcs, les cimetières de la capitale française se donnent à voir sous un jour inédit, comme si le photographe n’en avait gardé que l’ossature en les débarrassant d’une vitalité et d’une ferveur intruses.
À Paris ou dans les villes de la Mittel Europa, le photographe pose un même regard volontiers nostalgique, proustien même, sur des lieux et des choses que l’on aimerait immuables.
Lorsqu’il place sa caméra de grand format en pleine nature, à proximité de cours d’eau – ruisseaux, cascades – il confère à ces derniers une aura quasi féerique, les longs temps de pose donnant à l’eau cet aspect laiteux qui fascinait déjà dans les images réalisées par les opérateurs primitifs du XIXe siècle.
Ici aussi, le noir tient lieu d’étalon, obligeant l’œil à s’attarder pour découvrir des détails d’une finesse a priori insoupçonnable.